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Le parchemin
- Posté le 18 mars 2012
- Modifié le 31 juillet 2017
Le mot “parchemin” vient du grec pergamenê (peau de Pergame) du nom de la ville de Pergame (cité grecque d’Asie mineure, Turquie actuelle) où il aurait été utilisé pour la première fois comme support d’écriture par le roi Eumène II (195-158 av. JC)1 suite à l’embargo des Egyptiens sur la vente de papyrus à Pergame de crainte que cette bibliothèque ne finisse par supplanter celle d’Alexandrie.2
Mais un parchemin exceptionnel vient d’être retrouvé au Musée du Caire, fragmenté aujourd’hui, il est couvert de hiéroglyphes et est daté de 2000 à 1780 av. J.C. (Lire dans Sciences et Avenir, sept. 2015).
Il fallut donc se tourner vers un nouveau support d’écriture : si des peaux préparées existaient déjà, ce n’est qu’alors que la technique s’affina pour donner le parchemin à proprement parler3. Très solide et très pratique, le parchemin connut un succès incontesté jusqu’à l’arrivée du papier qui, inventé en Chine dès le IIe siècle, arriva en Europe en suivant la route de la soie. Il se répandit en France au XIVe siècle car, même s’il est moins noble et moins solide que le parchemin, son prix était très compétitif (jusqu’à 13 fois moins cher au XVe siècle).4
Du volumen au codex
Après les rouleaux de papyrus ou de parchemin, l’apparition du codex (plusieurs cahiers de parchemin cousus ensemble) change tout. Il est d’abord plus pratique : avec le volumen, le lecteur doit utiliser ses deux mains pour tenir les deux axes et ne peut donc pas écrire en même temps qu’il lit. Le codex est plus facile à poser sur une table et permet donc au lecteur de prendre des notes sur ce qu’il lit.
Avec le codex, on peut également accéder directement à n’importe quelle partie du texte, ce qui n’est pas le cas du volumen où l’on est obligé de lire le texte dans l’ordre où il est écrit.
Enfin, avec l’expansion du Christianisme, il devient un moyen de se différentier des Juifs, la Torah étant écrite sur des rouleaux. Les premières Bibles sous forme de codex apparaissent entre le Ier et le IIIe siècle5
Quelques parchemins cousus en volumen subsistent de manière exceptionnelle jusqu’au XVe siècle6
De la peau au parchemin
Le parchemin est fabriqué à partir de peaux d’animaux de toutes sortes, spécialement préparées pour écrire dessus (chèvre, mouton, veau et plus occasionnellement, porc, agneau). La chèvre et le mouton donnent la qualité la plus ordinaire, la basane. Le vélin, qualité la plus fine et la plus prisée, vient de la peau d’un veau mort-né.7
La préparation des peaux est le travail des parcheminiers qui travaillaient dans des ateliers spécialisés installés dans les villes ou à proximité des monastères. C’est un travail long et méticuleux composé de très nombreuses étapes.
On commence par écorcher l’animal puis on trempe toute une journée les peaux dans la rivière. On les lave ensuite soigneusement pour enlever les impuretés et nettoyer la laine. On les égoutte et on les empile, toujours côté chair au-dessus. Puis on procède au barbouillage côté chair avec de la chaux avant de plier les peaux en deux, côté chair contre côté chair. Après 8 à 15 jours, on relave les peaux et on enlève la laine. On place alors les peaux dans différents bains de chaux de force différente puis on les lave de nouveau et on les tend sur des cadres en bois rectangulaires ou circulaires appelés des herses. On procède alors à l’écharnage des peaux. Elles sont ensuite saupoudrées de craie appelée la groison. Enfin, les peaux sont grattées à la pierre ponce et frottées avec une peau d’agneau pour rendre leur surface lisse et souple.8
Les peaux étaient vendues par botte, c’est-à-dire 24 ou 36 peaux, soit 1 sou et 3 deniers, prix relativement constant tout au long du Moyen Age.9. Pour les manuscrits de luxe, on pouvait teinter le parchemin de pourpre ou de noir, les lettres étant alors écrites en or ou en argent. Le parchemin est un support très résistant : il pouvait même être gratté et entièrement réécrit. Le manuscrit ainsi réécrit s’appelle un palimpseste. On peut aujourd’hui retrouver les textes qui ont été effacés grâce aux techniques modernes, comme les rayons ultraviolets. Par exemple, dans le Codex Ephraemi Rescriptus, les 38 sermons de saint Éphrem le Syrien (Père de l’Église syriaque), datant du XIIe siècle et conservé à la Bibliothèque Nationale de France, recouvrent des parties de l’Ancien et du Nouveau Testament en grec, datant du Ve siècle10
Dans une peau, on découpe une feuille rectangulaire que l’on pliait pour obtenir le format voulu :
-* en 2 : livre grand format appelé in-folio ;
-* en 4 : format in-quarto ;
-* en 8 : format in-octavo.
La feuille ainsi pliée donnait un petit cahier avec 2, 4, 8, ou 16 pages. Plusieurs cahiers cousus ensemble formaient un codex (mot latin signifiant “tablette à écrire”), terme utilisé pour désigner le livre au Moyen Age.11
Les plus gros ouvrages pouvaient nécessiter jusqu’à 150 peaux de mouton.
Aélys
Notes :
- Arkéo junior n°48, Dossier « Les livres au Moyen Age », page 23 [↩]
- Pline l’Ancien, L’histoire naturelle, XIII, 70, source wikipedia, article parchemin [↩]
- article wikipédia, le parchemin [↩]
- La passion du livre au Moyen Age, page 12 [↩]
- RECHT Roland, Le livre enluminé, RMN, p. 32 [↩]
- C’est le cas d’histoires universelles abrégées longues de 10m, et du Rouleau de Josué, ouvrage byzantin du Xe siècle, RECHT Roland, Le livre enluminé, RMN, p. 32 [↩]
- <3> [↩]
- Archeologia, novembre 1982, p.52, réf. dans La passion du livre au Moyen Age, page 12 [↩]
- <4> [↩]
- voir article wikipédia palimpseste [↩]
- <3> [↩]
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