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Cerceaux
- Posté le 24 février 2011
- Modifié le 19 août 2019
Ce jeu a traversé le Moyen Age.
Sources antiques pour le grand cerceau :
– vers 500 – 490 av. J.-C., le vase grec conservé au Louvres qui montre Ganymède jouant au cerceau avec une baguette, Etrurie, (voir)
-IVe siècle av. J.-C., Xénophon, Le Banquet, Chapitre 2, fait référence à l’utilisation de cerceaux pour jongler et passer dedans.
« Alors Socrate : « Puisqu’il y a doute, renvoyons la question à un autre moment : achevons à présent de qui est commencé. Pour moi, je vois la danseuse qui attend et à laquelle on apporte des cerceaux. » Sur cela, la musicienne fait entendre sa flûte, et quelqu’un placé près de la danseuse lui donne des cerceaux jusqu’à douze. Elle les prend : aussitôt elle danse et les jette en l’air, en calculant à quelle hauteur elle doit les jeter pour les recevoir en cadence.[…] On apporte ensuite un cerceau garni d’épées, la pointe en haut : la danseuse y entre par une culbute et en sort par une autre, de manière à faire craindre aux spectateurs qu’elle ne se blesse, mais elle achève ses tours avec assurance et sans accident. »1
– IVe siècle av. J.-C., Sur le régime, Livre 2, 63-64, traité d’Hippocrate qui préconise la course de cerceau aux jeunes adultes.2
– IVe siècle av. J.-C., Oribase, Exercices, Livre VI, 26. De l’exercice du cerceau. Ce médecin de l’empereur Julien, qui a notamment écrit un commentaire de l’oeuvre d’Hippocrate, conseille également cet exercice.3
« L’exercice du cerceau peut ramollir les parties tendues et rendre flexibles celles qui sont desséchées, par les mouvements qu’on fait pour éviter le cerceau et par la multiplicité des positions du corps ; il peut renforcer et relâcher les nerfs affaiblis, exciter la chaleur, et rétablir une intelligence stupéfiée ou dérangée par l’effet de la bile noire. Que le diamètre du cerceau soit moindre que la taille de l’homme, de sorte qu’il lui vienne jusqu’aux mamelles. Il ne faut pas pousser le cerceau en ligne droite, mais aussi en zig-zag. La baguette doit être en fer et avoir un manche de bois. Les petits anneaux qui sont à l’intérieur du cerceau ont été regardés par quelques-uns comme superflus, mais il n’en est pas ainsi, car le bruit qu’ils font donne de la distraction et du plaisir à l’âme. Au début, on poussera le cerceau en se tenant droit, mais, quand le corps est devenu chaud et humide, alors il faut sauter et courir çà et là; vers la fin on poussera de nouveau le cerceau en se tenant droit afin d’apaiser le trouble produit par l’exercice. Le temps convenable pour le cerceau comme pour les autres exercices, c’est-à-dire pour les grands, est celui qui précède le repas ou le bain. »
– Ier siècle av. J.-C., Horace, Odes, Livre III, poème 24, vers 55 à 64 4
L’enfant de libre race ne sait plus se tenir à cheval, il craint de chasser, et il est plus habile au jeu , soit au cerceau Grec, soit aux dés proscrits par les lois, tandis que la foi parjure d’un père trompe le parent, l’allié, l’hôte, et amasse l’argent pour un héritier indigne.5
– Ier siècle av. J.-C. à Ier siècle ap. J.-C., Ovide, Tristes, II, 485-4876
Tel autre encore chante la paume (pilarum) et la manière de la lancer; celui-ci enseigne la natation, celui-là, le jeu du cerceau ; cet autre, l’art de se farder.7
– Ier siècle av. J.-C., Properce, Livre III, chapitre XIV8
– Ier siècle ap. J.-C., Martial, Epigrammes, Livre XI, 219
CONTRE LYDIE : Lydie est aussi détendue que le derrière d’un cheval de bronze, que le cerceau rapide dont le cuivre bruyant chante, que la roue à travers laquelle tant de fois, sans la frôler, passe l’acrobate, (…)10
– Ier siècle ap. J.-C., Martial, Epigrammes, Livre XIV, 168-16911
En me le donnant garni d’un anneau, tu me fais un présent utile : le cerceau sera pour les enfants, et la garniture pour moi.
Pourquoi cet anneau babillard se promène-t-il çà et là dans le cerceau roulant ? C’est pour avertir les passants de lui faire place.12
Données matérielles antiques :
– cerceau antique pouvait être en bois13, en bronze et mesurait entre 0m80 et 1m30 de diamètre. Il se jouait avec une baguette14, qui pouvait être en cuivre15 ou en fer16. On pouvait utiliser deux baguettes d’après un dessin de Winckelmann d’après une pierre gravée.17 Le jeu pour adulte pouvait comporter des anneaux « avertisseurs »18.
Utilisations :
– Lancé puis poussé avec une baguette (vase de Ganymède), dans la rue (Epigrammes de Martial)
– tenu pour passer dans le cerceau (Banquet de Xénophon, Epigrammes de Martial)
– lancé en l’air pour jongler (Banquet de Xénophon)
– Joué par les adultes (Epigrammes de Martial, Hippocrate, Oribase) et par les enfants.
Sources antiques pour le petit cerceau avec bâton :
voir article Chariot, à enjamber.
Pour d’autres sources antiques, voir :
DASEN Véronique, 2019, Saltimbanques et circulation de jeux, in V. Dasen, U. Schädler (dir.), Dossier Jouer dans l’Antiquité. Identité et multiculturalité/Games and Play in Antiquity. Identity and Multiculturality, Archimède. Archéologie et histoire ancienne, 6, 2019, 127-143. (Voir en ligne)
Au Moyen Age :
- Enfant au monastère : « Rudes journées certes, mais souvent tempérées par des moments de détente et de jeux. Le maître, en effet, amène parfois les enfants dans un pré ou dans quelque lieu pour qu’ils puissent se détendre. On leur ménage des heures de récréation, de course à cheval, de baignades, de jeux avec des bâtons ou des cerceaux ou encore des activités de jardinage. »19
- 1426, le cerceau est autorisé dans la liste des jeux pour la fête annuelle de la ville de Nördlingen, en Bavière, par ordonnance municipale20. L’auteur mentionne ensuite que le cerceau a été interdit dans la liste ultérieure de jeux de Dorbrecht, à cause des cris qui l’accompagne.
- Le 24 juin 1467 , les Lettres patentes de Louis XI, créent la corporation des vanniers21 qui peut vendre « berceaulx », « serceaulx », des « flûtes, chifflés, boulles, billes et billars »
Sources renaissances :
– course de cerceaux (encore) :
– 1560, tableau « Jeux d’enfants » de Peter Breughel dit l’Ancien, conservé à Vienne au Kunsthistorisches Museum (voir sur la base jocari.be)
– 1587, Guillaume Le Bé, Les Trente-Six Figures contenant tous les jeux qui ne se peuvent jamais inventer et représenter par les enfants…, gravure sur bois, Paris, BNF, Cabinet des estampes, Ea 79 Rés/63)22
– Calendrier flamand, début XVIe s., London British Library.23
– Tour dans cerceau (et toujours) :
– première moitié XVIe siècle, Livre des costumes, Allemands, Ms 211 f°7v, BNF; (voir dans la base jocari.be)24
– 1587, Guillaume le Bé, Les Trente-Six Figures contenant tous les jeux qui ne se peuvent jamais inventer et représenter par les enfants…, gravure sur bois, Paris, BNF (op. cit.)
– 1657, gravure de Claudine Bouzonnet-Stella d’après les dessins de son oncle Jacques Stella, Jeux et plaisirs de l’enfance, BNF, Arsenal , Est,25
– pour d’autres sources Renaissances, poursuivre sur la base jocari.be
Artaud
contact : aisling – neuf.fr
(remplacer le – par @)
- texte complet bilingue repères 7, 8 et 11 [↩]
- texte grec et traduction [↩]
- citation d’Oribase de l’article wikipédia : Cerceau
ALLEAU René (sous la direction de) ,Dictionnaire des jeux, Cercle du livre précieux, Editeur Claude Tchou, 1964, p.108, le mentionne également;
VICQ-d’AZUR Félix et LE ROND D’ALEMBERT Jean, dans leur Encyclopédie méthodique T.1, 1786 présentent une autre compréhension d’Oribase
« Je crois, dit le comte de Caylus, que l’exercice du cerceau étoit divisé en deux espèces , chez les Grecs & chez les Romains, & que la première s’appeloit crìcelasia, de deux mots grecs qui signifient agitation du cerceau. Suivant le témoignage d’Oribase, celui qui devoit faire cet exercice, prenoit un grand cercle autour duquel rouloient plusieurs anneaux, & dont la hauteur alloit jusqu’à l’estomac. Il l’agitoit par le moyen d’une baguette de fer à manche de bois. Il ne le faisoit pas rouler sur la terre , car les anneaux insérés dans la circonférence ne l’auroient pas permis, mais il l’élevoit en I’air & le faisoit toumer au-dessus de sa tête en le dirigeant avec sa baguette. Voilà pourquoi Oribase dit qu’on n’agitoit pas le cerceau suivant sa hauteur , mais transversalement. »
« Le mouvement communiqué au cerceau , étoit quelquefois très-rapide , & alors on n’entendoit pas le bruit des anneaux qui rouloient dans la circonférence. D’autres fois on l’agitoit avec moins de violence , afin que le son des petits anneaux produisit dans l’ame un plaisir qui procurât un agréable délassement. Cette réflexion d’Oribase nous apprend que le jeu du cerceau étoit regardé comme un exercice capable de contribuer à la santé du corps »
ils décrivent aussi un jeu de force sur des gravures
Les cercles de bronze , dit-il ailleurs, pareils à celui de ce numéro , servoient à un de ces exercices que les Romains pratiquoient pour accroître la vigueur du corps. Deux mains, placées dans les plus grands intervalles distingués par des boutons, tels que la gravure les montre , faisoient effort l’une contre autre , & la plus forte l’emportoit. Le père Paciaudi a détaillé cet exercice dans son histoire de Ripa Transonc ; & je renvoie le lecteur à ce bon ouvrage ».
« II existe, dit M. d’Hancarville , dans la collection d’Antiques de M. Townley à Londres, un bas-relief où font sculptés deux Silènes, de l’espèce de ceux que l’on appeloit Faunes , parce qu’ils étoient plus jeunes que les autres ; ils sont représentés tenant un cercle , sur lequel ils appuient les mains en foulant des raisins avec leurs pieds , & tournant sur l’aire qui les contient, c’étoit une des manières de pressurer le vin chez les anciens, & l’on peut voir, avec ce monument , un de ces petits cercles de bronze dont on se servoit à cet usage. Il est divisé par des moulures qui laissent assez d’espace pour y placer le poignet. On trouve un assez grand nombre de ces anneaux, dont l’emploi n’a pas été connu jusqu’à présent ».
« Mercurialis, qui cite cet extrait d’Oribase dans son traité sur la gymnastique, le trouve peu clair et peu concluant. Il faut croire qu’il avait raison, car Caylus,dans le premier volume de son recueil d’antiquités, a cru voir dans ce passage d’Oribase la description d’un jeu sans aucun rapport avec celui du trochus. » D’ALLEMAGNE Henri-René, Sports et jeux d’adresse, Paris, 1906
Pour lui, les grelots tenaient avec des rayons :
« Les anciens ont évidemment connu le cerceau muni de rayons semblables à ceux d’une roue ; le long de ces rayons, ainsi mis autour du cercle lui-même, ils avaient placé une infinité de petits anneaux en métal destinés à résonner à l’instar des grelots quand le trochus était mis en mouvement. »
[↩]
- texte latin [↩]
- traduction : Itinera Electronica Du texte à l’hypertexte : Horace, Odes, Livre III [↩]
- texte latin [↩]
- traduction : Itinera Electronica Du texte à l’hypertexte : Ovide, Tristes, II [↩]
- texte bilingue [↩]
- texte latin [↩]
- traduction : Itinera Electronica Du texte à l’hypertexte : Martial, Epigrammes, Livre XI, 21 [↩]
- texte latin [↩]
- traduction : Itinera Electronica Du texte à l’hypertexte : Martial, Epigrammes, Livre XIV, 168-169 [↩]
- BREYER Catherine, Histoire des jeux et jouets à travers les âges. Histoire et règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux, Editions Safran, 2010, p 217 [↩]
- site du Musée du Louvres [↩]
- Epigrammes de Martial, Livre XI [↩]
- Oribase [↩]
- ALLEAU René (sous la direction de) ,Dictionnaire des jeux, Cercle du livre précieux, Editeur Claude Tchou, 1964, référence et illustration p.108
mentionnée également par Henri-René d’ALLEMAGNE, Sports et jeux d’adresse, Paris, 1906
VICQ-d’AZUR Félix et LE ROND D’ALEMBERT Jean, Encyclopédie méthodique T.1, 1786, mentionnent les dessins et explications de Winckelmann sur les 5 pierres de Stosch
Winkelmann s’est expliqué sur le cerceau, avec cette sagacité & cette érudition qui lui assurent la première place parmi les antiquaires. Il a publié dans ses Monumenti Antichi , aux numéros 195 & 196, deux belles pierres gravées, sur lesquelles on voit distinctement le jeu du trochus ou cerceau. La première est ainsi décrite sous le n° 2 de la Ve classe des pierres de Stosch. « Un jeune homme nud qui court en faisant rouler le cercle appelé trochus. II le touche avec un instrument crochu qu’il tient de la main gauche ». Sur la seconde, qui appartenoit au sieur Jacques Byres, un jeune homme posé porte le trochus appuyé sur son épaule gauche, & il tient de la droite l’instrument qui servoit à le faire rouler. Cet instrument ressemble à une de nos raquettes qui ne seroit pas évidée. On voit dans la même collection de Stosch trois autres pierres & une pâte antique, dont les sujets sont relatifs au jeu du cerceau , & qui ont même amené l’explication suivante de Winkelmann.
« Ces cinq gravures sont les seuls monumens, que je sache, qui peuvent servir à expliquer clairement ce que c’est que le jeu de trochus, mentionné dans les anciens auteurs : car ce que Mercurialis nous enseigne d’après un monument antique, ne pouvoit être appuyé de son tems par d’autres monumens où l’on vît le même sujet. Le bas-relief dont il n’a pris que le cercle, se trouvoit sur un tombeau antique de marbre placé dans une vigne sur le chemin de Rome à Tivoli, qui servoit de logement au vigneron. Le cardinal Alexandre Albanì acheta ce tombeau, dans l’intention de le transporter en entier dans sa Villa, mais ayant fais mettre la main à l’ouvrage, & voyant que la pièce de marbre étoit d’une grosseur énorme, il la fit scier, & se contenta de conserver seulement le bas-relief, qu’il fit restaurer & qu’il mit ensuite dans sa vigne. On le voit dans le Monumenti Antichi ineditì ».
« Le trochus étoit un cercle de bronze, avec lequel les jeunes gens se divertissoient.
Pueri a trocho cessantes.
Eurip. Med. v, 46.
Et non pas à schola curulì cessantes, comme l’a rendu Barnes ; il étoit plus grand que M. le comte de Caylus ne se l’est figuré ( Recueil d’Antiq. t. 1. pl. Lxxxi. n°. 3.) en publiant le prétendu trochus de son cabinet , qui n’a que sept pouces de diamètre. Le trochus qui est sur nos pierres, arrive jusqu’à la moitié du corps des figures , & même fur la seconde jusqu’à la poitrine. Celui de l’enfant lui va jusqu’au menton : cc qui correspond au trochus du bas-relief cité , qui a quatre palmes romains de diamètre. II y avoir au trochus non-seulement des anneaux qui couloient autour du cercle pour faire du bruit à mesure qu’on le faisoit rouler , ainsi qu’on en voit trois à celui de ce bas-relief; mais on y mettoit encore un ou plusieurs grelots qui y étoient attachés, comme il y en a au trochus du même bas-relief, & à celui de notre première pierre. Quand on le faifoit rouler, on touchoìt ces anneaux & ces grelots avec un instrument crochu, nommé ciavis, comme dans la pierre n°. 2.
[↩]
- Epigrammes de Martial, Livre XIV [↩]
- ALEXANDRE-BIDON Danièle, LETT Didier, Les enfants au Moyen Age, Ve-XVe siècles, coll. La vie quotidienne, Hachette, 1997, p.93 [↩]
- ENDREI Walter, ZOLNAY Laszlo, Fun and games in old Europe, Corvina, 1986/1988 p. 27 [↩]
- MANSON Michel, Jouets de toujours, Fayard, 2001, p 41 [↩]
- MEHL Jean-Michel, Les jeux au royaume de France du XIIIe au début du XVIe siècle, Fayard, 1990, référence et illustration p.39 [↩]
- ENDREI Walter, ZOLNAY Laszlo, Fun and games in old Europe, Corvina, 1986/1988, p. 32, pl. XII [↩]
- ALEXANDRE-BIDON Danièle, RICHE Pierre, La vie des enfants au Moyen Age, Editions du Sorbier, 1994, p.33 [↩]
- ENDREI Walter, ZOLNAY Laszlo, Fun and games in old Europe, Corvina, 1986/1988, p.134 [↩]
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