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- Les couleurs disponibles pour l’apparition d’un code
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- Filage – tissage
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- Chemise
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Les jeux dans le royaume Anglo-Normand, XI-XIIe siècles
- Posté le 12 juin 2011
- Modifié le 22 mai 2018
Sommaire de cet article :
(pour accéder à la fiche détaillée de chaque jeu, le chercher dans le menu déroulant de droite. Certaines ne sont pas encore en ligne.)
Les dés
Les marelles
Les hnefatafl
Les échecs
Les tables
La rithmomachie
Les dés:
Au XIe siècle, on jouait déjà depuis très longtemps, de part et d’autre de la Manche aux jeux de dés. Le jeu de azar est mentionné dans Le jeu de Saint Nicolas, de Hilaire1, début XIIème siècle, puis de Jean Bodel, (1201-1202)2.
Les faces opposées pouvait faire 7 comme aujourd’hui ou pas. Sur la période et la zone anglo-normande, les dés étaient majoritairement ponctués 1/2, 3/4 et 5/6.
Le plus souvent les dés étaient cubiques, en os. On en trouve aussi en bois, pierre, ivoire de morse ou en bois de cerf. Beaucoup étaient décorés d’un motif à ocelles. Le bois de cerf a permis de réaliser des dés plus gros, comme ceux, parallélépipédiques, retrouvés au château de Mayenne qui peuvent atteindre 22 mm d’arête. Des dés hexaédriques ont été retrouvés à Carmarthen. Ils étaient joués sur une piste et leur fabrication sera réglementée à partir du XIIIe siècle pour éviter les dés plombés. L’anglo-normand Jean de Salisbury dénonce l’usage qui en est fait dans son Policraticus en 11563 et attribue leur invention à Attalus Philometor, roi de Pergame.4
Les marelles:
De nombreux cloîtres d’abbaye anglaises dont celle de Westminster portent encore dans leur pierre les neuf trous qui servaient à aligner trois petits cailloux ou bâtons.5
Autre jeu d’alignement, celui de la marelle à neuf, se retrouve chez les Scandinaves, le plus souvent gravé derrière un autre jeu de la famille du hnefatafl : drakkar de Gokstad IXe s., à Toftanes dans les Féroé au Xe s et à Trondheim dans la première moitié du XIIe siècle.6
Ces jeux sont, depuis l’Antiquité, régulièrement représentés ensemble avec un autre tracé comportant des diagonales, celui de l’alquerque. C’est le cas dans la Tour Talbot du château ducal de Falaise édifiée en 1207. Un plateau d’alquerque normand gravé sur une pierre plate est visible au Musée de Carmarthen au Pays de Galles.
Les hnefatafl:
Ces « jeux du roi » sont présents depuis le Ve siècle dans les traditions celtiques (brandub, fitcheall), scandinaves (hnefatafl, tablut) et saxonnes (zabel)7sur des plateaux de 7×7 à 19×19 cases. Tous ces jeux fonctionnaient sur un même principe d’un roi entouré de sa garde devant échapper à des adversaires deux fois supérieurs en nombre. La différence d’objectif et de nombre fait de ce jeu un « jeu de chasse », au même titre que le Renard et les oies ou la Chasse au lièvre.
Le hnefatafl était probablement connu des compagnons de Rollon qui s’installèrent en Normandie en 911.
Cette famille de jeux est très présente dans les résultats de fouilles8 et dans les textes au Nord de la Normandie : il est mentionné dans la Voluspa , écrite avant 1064 ; fait partie de la liste de compétences du comte Rognvald d’Orkney, le croisé, vers 1125 ; se trouve dans la Herverar Saga sous forme de devinettes entre Odin et le roi Heidrek9 …
Cependant, hormis une série de pions vikings retrouvée sur l’île de Groix, nous n’avons aucune source archéologique ou textuelle de son utilisation par les Normands sur le continent, ni avant ni après la Conquête. Au XIIe siècle, le manuscrit 122 du Corpus Christi College d’Oxford montre la christianisation d’un jeu de hnefatafl païen qui devient l’alea evangeli. Les rapports de force sont conservés mais chaque côté du jeu est associé à un évangéliste et les nombres de pions sont extraits de calculs à partir des tables des canons de concordance entre les évangiles10.
Les échecs:
Les Anglo-saxons ont pu recevoir les échecs des Scandinaves en contact par Gestrikland en Suède, la chambre de compensation de Gotland, Kiev et le califat de Bagdad.11) Cette question fait encore débat aujourd’hui.12
Le roi Cnut a pu découvrir les échecs à Rome en 1027. La Chronique de Ramsey le présente jouant aux échecs contre Ulfr. L’issue de la partie est funeste pour le beau-frère du roi. De plus, une troisième source lie Cnut aux échecs. Parmi les nombreux dons faits par ce roi à l’abbaye de Hyde, qui furent détruits en 1144, se trouve « vas argenteum ad aquam benedictam cum duobus jocis saccorum a domino rege Knutone donata. »13)
Par ailleurs, Ordgar est décrit jouant aux échecs dans Lestorie des Engles de Gaimar (Murray 1913:419-420).
La Normandie se trouve à la confluence de la diffusion du jeu d’échecs par l’Espagne, la Sicile et l’Italie du Sud; à partir de Byzance vers la cour impériale germanique et avec le monde scandinave en lien direct avec Bagdad.
Les échecs sont en Espagne et à Constantinople au début du IXe siècle, à Einseideln en Suisse et à Venafro en Italie vers 990. En 1010, le testament du Comte d’Urgell offre un jeu d’échecs à l’église St Gilles près de Nîmes tandis que des pièces en bois ont été retrouvées sur le site de Charavines, utilisé entre 1006 et 1039 (Colardelle & Verdel 1993:263-7) et au castrum d’Andone, occupé lui entre 975 et 1028 (Bourgeois 2009:255-268, 487-490).
Un des plus grands ensembles de pièces de jeux a été découvert récemment au Château de Mayenne, dans l’espace Anglo-normand, daté des X-XIIe siècle (Goret & Grandet 2012).
Luc Bourgeois (2008) indique que toutes les pièces archéologiques d’échecs et de tables sont survenues sur des sites aristocratiques et il a montré la concentration des pièces de ces jeux au XIe siècle dans la aula du château d’Andone et à ses abords directs, ainsi qu’à Charavines (Isère) et à Goltho (Lincolnshire). Ces jeux sont donc clairement associés à la grande salle (aula), espace de représentation et de sociabilité. L’espace de jeu est aussi celui de la politique. Certains textes nous montrent que le temps du jeu pouvait être aussi un temps politique, comme pouvait l’être celui d’une partie de hnefatafl. Le Dialogue Concerning the Exchequer, rédigé en 1180 par Richard Fitznigel, trésorier d’Henri II, précise que le nom de l’Assemblée provient de l’analogie entre le tissu quadrillé qui sert à faire les comptes et un jeu d’échecs mais continue par une seconde analogie plus symbolique14:
« Il y a une autre raison plus cachée. Tout comme au jeu d’échec, se trouvent certains grades de combattants qui poursuivent ou s’arrêtent en raison de certaines lois ou limitations, les uns présidant, les autres s’avançant : ici, certains président, d’autres sont présent en raison de leur charge, et aucun n’est libre d’outrepasser les lois fixées. »
Les pièces utilisées sont majoritairement non-figuratives, de typologie arabe, en bois, os, bois de cervidé, os de baleine et ivoire de morse. Elles sont plus rarement en cristal de roche (Lund), agate et ambre (Aachen). Le Winchester poem fait référence à la forme particulière de la tour arabe.
Mais dés le roi de Loisy, nous avons des pièces figuratives en Europe occidentale.15 De façon simultanée, coexistent des formes abstraites majoritaires, des formes arabes qui arborent des visages et mains de rois et de fierges (Mayenne, Noyon, Londres, Harbrough) et des formes figuratives comme le roi de Loisy ou les échecs dits « de Charlemagne », conservés à Paris, produits probablement dans la principauté normande de Salerne à la fin du XIe siècle. Le plus important lot de pièces figuratives est sans conteste celui des 77 pièces d’échecs trouvées sur l’île de Lewis en 1831. Les études16 tendent vers une fabrication à Trondheim par un atelier de graveurs sur ivoire de morse, entre la fin du XIIe s et le tout début du XIIIe s., l’ensemble étant constitué de quatre jeux. Certaines pièces ont pu servir au hnefatafl. Une reine trouvée à County Meath, en Irlande, et un « gardien » conservé à Florence sont du même type.Enfin, l’influence scandinave a pu rendre zoomorphes les deux saillies de l’éléphant (Wimbourne, Francfort)17.
Les règles arabes sont utilisées complétées de variations locales. Les assises franco-anglaises18 permettent au premier mouvement, à la reine et à la fierce de faire un saut à deux cases en ligne droite, que la case intermédiaire soit libre ou occupée sans lui permettre de prendre ni mettre en échec ; le pion peut avancer de deux pas tant qu’aucune capture n’est intervenue; le roi peut faire un saut à deux cases en ligne droite ou comme un cavalier, sans capturer ni traverser de case en échec.
Les tables :
L’autre jeu très populaire dans le royaume anglo-normand est le jeu de tables. Des graffitis de ce plateau sont présents sur un chapiteau du cloître de Notre Dame de la Daurade conservé au Musée des Augustins de Toulouse (fin XIe s), à Castle Acre (Angleterre) et sur un bas-relief du cimetière de Javarzais (Poitou-Charentes) (XIIe s.) et dans la Tour Talbot du château de Falaise (XIII-XVe). Les flèches sont alors simplifiées en lignes simples. On y joue sur un tablier en bois recouvert partiellement (St Denis, Mayenne, XIIe s.) ou complètement d’os (cité normande de Gloucester, XIe s.) avec 24 ou 30 pions plats sculptés19 dans les même matières que les autres jeux et deux ou trois dés. En 1283, 15 règles, jouées auparavant, seront conservées par écrit dans le Livre des jeux d’Alphonse X.
La rithmomachie :
Les moines et étudiants anglo-normands ont pratiqué ce jeu mathématique au XIIe siècle.20. Une description du jeu a été écrite par Odon de Tournai peu avant 1100. Elle est transmise dans le Ms 235 (f°76-77v) du XIIe siècle, conservé au Scriptorial d’Avranches21 et dans le Oxford Rawlinson C270, lui aussi du XIIe siècle. Le manuscrit d’Avranches transmets la première représentation de la table de jeu et le placement des pièces.22
Artaud
Contact : aisling – neuf.fr
(remplacer le – par @)
Notes:
- Ludus super iconia Sancti Nicholaï, par Hilaire, disciple d’Abélard, GASSIES DES BRULIES G., Anthologie du théâtre français du Moyen-Age, Théâtre sérieux, Delagrave, Paris, p 42 [↩]
- on retrouve ce jeu notamment dans le fabliau XIIIe s. de St Pierre et le jongleur. Voir la fiche détaillée du jeu de azar [↩]
- Il dénonce les jeux de hasard dans le livre I, 5. Les jeux et loisirs sont sources de dégénérescence. Ne sont tolérés que les jeux pratiqués avec mesure comme relaxation entre des moments de responsabilité importants. Ce n’est pas le jeu qui est condamné mais la façon de jouer. Source: LACHAUD Frédérique, 2006, L’idée de noblesse dans le Policraticus de Jean de Salisbury (1159), Cahiers de recherches médiévales, 13, p. 16-18 [En ligne], 13 | 2006, mis en ligne le 27 novembre 2009, consulté le 09 mai 2012. Lire sur crm.revues.org [↩]
- MURRAY Harold James Ruthven, A history of chess, Oxford University Press, Clarendon, 1913/2002 p.502 [↩]
- MURRAY Harold James Ruthven, A history of board-game other than chess, Oxford University Press, Clarendon, 1951, p 39 [↩]
- BREYER Catherine, Histoire des jeux et jouets à travers les âges. Histoire et règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux, Editions Safran, 2010, p 175; Collectif, Les Vikings… Les Scandinaves et l’Europe 800-1200, Catalogue d’exposition de la 22ème exposition d’art du Conseil de l’Europe au Grand Palais, Association Française d’Action Artistique, 1992, p 311 et 378 [↩]
- MURRAY Harold James Ruthven, A history of board-game other than chess, Op. Cit., pp 51-64 [↩]
- Waterford et Ballinderry en Irlande, Sandnes au Groënland, Baldursheimur en Islande, Spong Hill, Loveden Hill, King’s Field et Taplow en Angleterre, Toftanes dans les Féroés, Roholte au Danemark, Gunnarshaug, Taasen, Vimose, Gokstad et Trondheim en Norvège, Birka et Lund en Suède [↩]
- MURRAY H. J. R., A history of board-game other than chess, Op. Cit., pp 60-61 [↩]
- ROBINSON J., Time of St Dunstan, Oxford, Clarendon Press, 1923, p 171-181 [↩]
- (Dalton 1927: 83-4). De nombreuses pièces arabes retrouvées sur l’île de Gotland. Des pièces arabes en argent font partie du trésor viking de Bangor déposé en 925 près du monastère de St Deiniol au Pays de Galles (Redknap 2000:95). Dans le même ouvrage, John Clark précise qu’à partir de l’installation du roi Knut en 1016, Londres s’est parfaitement intégrée au réseau d’échange scandinave : pièces sculptées en ivoire de morse, pierres à aiguiser en schiste norvégien, ambre de la Baltique. (2000:81 [↩]
- Pour Jean-Louis Cazaux et Ian Riddler, les échecs ont été transmis aux Anglais suite à la Conquête de 1066 par les Normands. Mais, outre le canal viking, la Manche était très perméable, culturellement parlant au XIe siècle. Il y a eu de nombreux échanges entre les scriptoria de part et d’autre du Channel. [↩]
- Cotton Ms. Vitell. E. 12 f°30 et suivants, Dugdale, 1819, cité par MURRAY (1913:404 [↩]
- Source sur Avalon project, mentionné par (Barbet-Massin 2013:337). [↩]
- Voir travaux de Jean-François GORET et BOURGEOIS Luc (dir), Une résidence des comtes d’Angoulême autour de l’an mil. Le castrum d’Andone, Fouilles d’André Debord, CRAHM, Caen, 2009, p489 [↩]
- CALDWELL David H., HALL Mark A. et WILKINSON Caroline M., The Lewis Hoard of Gaming Pieces : a re-examination of their context, meanings, discovery and manufacture, dans Medieval archaeology, 53, 2009 [↩]
- DALTON O. M., Early chessmen of whale’s bone excavated in Dorset, Archaeologia, 77, Society of Antiquaries of London, Oxford, 1927, p. 77-86 [↩]
- CAZAUX Jean-Louis, L’odyssée des échecs, Editions Praxeo, 2010, pp 125-129 [↩]
- JONQUAY Sylvestre, 2012, Archéologie du jeu de tables, X-XIIIe s., Revue Histoire et images médiévales, Thématique n°28, Fév-avril 2012, pp. 46-54, (voir en ligne); [↩]
- voir une restitution de règles XVIe s dans CAZAUX Jean-Louis, L’odyssée des échecs, Editions Praxeo, 2010, pp 141-155 [↩]
- FOLKERTS Menso, La rithmomachie et le manuscrit Avranches 235, dans Sciences antique, science médiévale, Actes du colloque international (Mont-Saint-Michel, 4-7 sept 1998), édités par Louis Callebat et Olivier Desbordes, Olms-Weidmann, 2000, pp. 347-357 [↩]
- FOLKERTS Menso, La rithmomachie et le manuscrit Avranches 235, 2000, Op. cit., le folio 77v est reproduit en annexe aux côtés du schéma de Boissière [↩]
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